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And They're Off !!

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chroniques sur les courses hippiques de tous temps.


Stacelita, la reine à qui l'on refusa un trône

Publié par And They're Off sur 18 Septembre 2012, 16:49pm

Stacelita, la reine à qui l'on refusa un trône

Depuis quelques années, les femelles pur-sang ont pris le pouvoir. Zarkava et Goldikova en tête de liste. Merveilleuses, touchantes, féminines, elles ont quelque chose d'unique que les mâles, devenus peut-être trop commerciaux, n'arrivent plus à communiquer.


Titulaire d'un palmarès bien étoffé, une reine cependant n'a pas eu, selon moi, toute l’aura qu'elle méritait. Peut-être parce qu'elle est partie étaler sa suprématie chez les Ricains, se faisant un peu oublier. Peut-être parce que Goldikova avait des courbes plus sexy, plus chaleureuses, éventuellement parce que l'exceptionnel Sea the Stars faisait tourner les têtes... Mais Stacelita reste une grande championne. Une très grande. Des deux côtés de l'Atlantique.
Stacelita, ou Stracciatella comme j'aime à l'appeler, en digne fille de Monsun, a été sublime sur terrain lourd. Mais de lui, elle n'hérita que cela.
Lorsqu'on regarde Stacelita, rien ne nous rappelle son père. Elle est fine, élancée, taille 34. Surtout, elle a une jolie tête arabe. La même que sa mère Soignée, signées toutes deux par l'étalon Dashing Blade.

Stacelita est arrivée sur le Prix Saint-Alary 2009 invaincue en trois sorties. Elle ne s'était jamais laissée approcher. Pour son premier test au niveau groupe 1, elle ne cédera rien, comme toujours, augmentant même son record de longueurs. Partie en tête dès le départ, elle mena la course sereinement, puis prit quelques longueurs, l'air de rien. Son jockey, la trouvant cependant assez nonchalante dans son galop, regardait les autres pouliches s’enclencher derrière. Il testa sa princesse avec quelques claques sur la croupe, rien de bien méchant, uniquement pour lui apprendre à ne rien lâcher. La pouliche sortit de sa torpeur, dévoilant ses célèbres foulées bondissantes, mais sur quelques mètres seulement. Son cavalier, satisfait de sa réponse, l'avait ralentie : le poteau était déjà là.

Un mois plus tard, la princesse reçut sa couronne. Dans le Prix de Diane, elle prit la tête du peloton tout en calquant le rythme du leader de Board Meeting. Entrée de ligne droite, seule devant, elle prit de l'avance sans faire le moindre effort. Christophe-Patrice Lemaire l'avait comprise. Il lui tapotait l'épaule, elle dressait les oreilles. Il reculait la main, elle changeait de jambe et modifiait ses foulées. Elle cherchait plus loin, les antérieurs presque ensemble. À une vingtaine de mètres du poteau, sentant le sacre assuré, elle se reprenait sur sa première jambe et gagnait de quatre longueurs.

Comme tout cheval ambitieux, Stacelita disparut de la circulation tout l'été et fit sa réapparition dans le Prix Vermeille, une préparation au Prix de l'Arc de Triomphe attribué aux femelles. Comme précédemment, la reine se plaçait derrière son leader puis perçait le long de la corde. Attendant le signal, elle changeait de jambe au moment même où la cravache s'appuyait sur sa croupe. Mais c'est au deuxième coup qu'elle se redressa, littéralement, comme sortie de sa torpeur. Elle bondit à chacune de ses foulées, mais ne porta aucunement attention à Da Re Mi qui s'approchait. Elle reprit même ses foulées rases, malgré son jockey qui tentait de la maintenir en éveil. Trop tard. Stacelita pense avoir fini la course. Da Re Mi a eu le temps de revenir.
Cependant, la pouliche Anglaise, dans sa progression, avait gêné brièvement l'Allemande Soberania qui terminait cinquième. Elle fut rétrogradée derrière celle-ci. On offrait la victoire à Stacelita. Mais on la mettait en garde ! Si elle continuait à se relâcher autant, elle ne pourrait pas être sauvée une seconde fois. Surtout dans l'Arc.

L'Arc justement. Alors que les deux leaders étrangers se coursaient loin devant, Stacelita ralentissait le peloton dans la fausse ligne droite. Au démarrage, Christophe Soumillon lui adressa un coup de cravache, elle prit l'avantage mais sans conviction. Il continua à la porter mais elle ne changeait pas de jambe. Au moment où elle semblait se décider, Sea The Stars la passait à une vitesse folle, suivit de ses disciples. Écœurée, elle finissait septième.

Pour sa rentrée en 2010 dans le Prix d'Ispahan, elle se présentait face à la légende Goldikova. Montée en dernière position, elle finira quatrième, sans fournir de coup de rein, dans une action posée.

On la laissa monter sur cette course et on lui donna un exercice plus facile. C'est ainsi qu'elle remporta sûrement le groupe 3 Prix La Coupe d'un peu plus d'une longueur devant Court Canibal.

Convaincante, on l'envoya dans les Nassau Stakes à Goodwood affronter la tenante du titre et grande championne Midday. En deuxième position derrière le leader, elle prit l'avantage un peu tôt. Pas le temps de s'y plaire, Midday était déjà devant elle. Mais Stacelita n'avait pas encore accéléré. Christophe Soumillon la décala vers l'extérieur et la lança sur une Midday bluffante. La Britannique l'attendait. En quelques foulées, elle pulvérisait la Française, ne lui autorisant que l'approche de sa croupe. Néanmoins Stacelita fut courageuse.

Prix Jean Romanet. Stacelita prit la tête dans la ligne droite. Déjà calée sur sa jambe magique, et bien que plus rapide au démarrage qu'elle ne l'était à l'accoutumée, elle ne bondissait pas. Au contraire, sous la pression d'Antara, elle se durcit et donna tout pour garder l'avantage. Plus question de se relâcher, elle devait lutter. S'appuyant sur sa mauvaise jambe et s'arrachant in-extremis sur le poteau, pour la première fois, elle utilisait à bon escient sa jambe droite.

Dans le Prix de l'Opéra, elle fut courageuse en diable, mais ne put rien face à la pointe de sa compagne d'écurie Lily Of The Valley qui concluait son année invaincue.

Son mentor Jean-Claude Rouget la tentait alors dans la Hong Kong Cup. Près des chevaux de tête, elle ne parvint pas à passer une vitesse et se fit avaler par le peloton, Snow Fairy en tête. Elle termina huitième.

2011 sera sa dernière année et sans doute la plus glorieuse. Après être rentrée doucement dans La Coupe, finissant troisième en retrait, elle fut envoyée aux États-Unis pour poursuivre sa carrière. À peine quinze jours après, elle s'alignait dans les United Nations Stakes à Monmouth park. Dans le gigantesque dernier tournant, elle fut décalée de l'arrière du peloton et remonta tous ses concurrents. Sortie de la courbe, elle était en duel pour prendre la tête. Rapide, magnifique, elle fournissait son coup de rein bondissant, s'affaissant de l'arrière main. Seulement elle avait fourni bien plus d'effort que ses concurrents. Elle accrocha la troisième place, sans faiblir.

En août, elle courait les Beverly D. Stakes à Arlington park. Montée beaucoup plus près, elle perçait à la corde et prenait une longueur et demie qu'elle conservait jusqu'au poteau.

En Octobre, elle s'annonçait favorite des Flower Bowl Invitational Stakes à Belmont park. Elle ne décevait pas et remportait la course avec supériorité. Elle décrochait alors son sixième et dernier groupe 1.

Engagée dans le Breeder's Cup Filly & Mare Turf, elle courut diminuée. Une infection à l’œil avait ralenti sa préparation et sa participation à la course paraissait incertaine. Son nouvel entraîneur lui mit un bonnet muni d'une œillère fermée et transparente et elle prit part à l'épreuve. Elle était ridicule, un clown parmi les chevaux. Victime d'une course sans train, elle laissa tomber sans même essayer et termina parmi les dernières.
Cela sonnait la fin de sa carrière.

Achetée par Teruya Yoshida, elle partit comme poulinière pour le Japon. Il faudra attendre quelques années pour voir ses enfants, qui, espérons-le, feront leur apparition en France. Mais il y a peu d'espoir.

Bye bye my Queen !

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