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And They're Off !!

And They're Off !!

chroniques sur les courses hippiques de tous temps.


Darshaan.

Publié par And They're Off sur 23 Juillet 2012, 17:06pm

Darshaan.

Le trois juin 1984. Mes parents avaient dix-neuf ans. Je n'étais pas née. C'était un beau dimanche, un jour particulier dans le discret monde des courses : le jour du prix du Jockey-club.

Couru sur la distance classique, soit deux mille qu

atre-cents mètres, le prix du Jockey-club était la toute première grande épreuve pour les poulains estimés de trois ans avant le logique cheminement vers l'Arc.

Il y a ceux qui confirmeront les espoirs misés sur eux, et il y a ceux qui briseront des rêves, malgré eux.

Le trois juin 1984, trois chevaux se détachèrent. Darshaan. Sadler's Wells et Rainbow Quest.

Le premier nommé avait remporté à deux ans le groupe 2 critérium de Saint-Cloud. A trois ans, il s'était imposé dans le Greffulhe puis le mois suivant dans le prix Hocquart. Monté progressivement en condition, il arrivait au summum ce dimanche trois juin. Logiquement, il s'est imposé.

Sadler's Wells avait suivi la même progression mais plus rapidement, ses courses n'étant séparées que de deux semaines. Après s'être imposé dans le Derrinstown Stud Derby Trial, il avait remporté les deux mille guinées irlandaises, signant alors son tout premier classique. Tentant de s'emparer du derby français plutôt que celui d'Epsom, il se montra courageux, tenace pour conserver la deuxième place.

Rainbow Quest, quant à lui, n'avait pu goûter au délicieux parfum de la victoire qu'au bout de sa troisième sortie, les Great Voltigeur Stakes soit la course précédent le Jockey-club. Il en termina troisième.

La course fut belle. Au démarrage du sprint final, Sadler's Wells prit les devants. Une longueur d'avance sur Rainbow Quest. Ce dernier ne progressant pas, Darshaan se déclenche alors. Il prend les extérieurs, rejoint Rainbow Quest, se repose quelques secondes sur son épaule, et reprend un départ. Il passe Sadler's Wells, la foulée allongée, le coup tendu, et relie le poteau avec une longueur et demie d'avance.

Mais des Jockey-club, on en a vu des tout aussi beaux, des tout aussi illustres. Ce n'est donc pas la course en elle-même qui fait de ce trois juin une date mythique pour les courses hippiques.

Ce n'est pas non plus le palmarès de ces trois champions. C'est bien après, au haras.

En effet, les trois étalons auréolés de divers victoires de groupes I, les Champions Stakes pour l'un, le prix de l'Arc de Triomphe pour l'autre, Darshaan se contentant fièrement de son derby français, entrèrent au haras.

Tous les trois réussirent brillamment leur seconde carrière.

Darshaan fut à l'origine de Kotashaan, quintuple vainqueur de groupes 1 dont la magnifique Breeder's Cup Turf et de Dalakhani, son meilleur représentant, qui lui fera honneur et lui rendra hommage en s'imposant et dans le Jockey-club et dans l'Arc. Et ce avec la classe d'un grand champion. C'est Dalakhani, encore, qui transmettra le mieux le sang de Darshaan. Etalon à son tour, depuis quelques années, il a déjà produit le super Conduit mais aussi et surtout un magnifique cheval gris, tel ses ancêtres, Reliable man. Celui-ci n'est, ni plus ni moins, que lauréat du prix du Jockey-club l'année dernière. Une histoire de famille.

Sadler's Wells, c'est encore autre chose. Digne fils de Northern Dancer, il transmit brillamment les gènes de son illustre père. Il est l'auteur des deux plus grands étalons actuels, Montjeu et Galileo. Le premier nommé a lui aussi remporté le jockey-club, mais aussi l'Arc de Triomphe. Il est le père d'Hurricane Run, échouant d'un souffle dans le Jockey-club, vainqueur dans l'Arc ; et de Authorized, Motivator, Pour Moi et Camelot, soit quatre lauréats de Derby d'Epsom, l'équivalent du Jockey-club, le côté mythique en plus.

Galileo, lui, fournir des classiques ça ne le botte pas ! Si on oublie le jumelé Golden Lilac-Galikova dans le Diane de l'année passée. Non, le plus grand que Galileo a produit à ce jour s'appelle Frankel. Il court toujours, et il écrase, ridiculise ses contemporains. Ce cheval a déjà tous les sabots dans la légende. Le meilleur depuis... personne ne sait.. !

Enfin, Rainbow Quest. Lorsqu'il avait affronté le grand Sagace dans l'Arc 1985, ce n'était pas lui qui s'était montré le plus fort mais bien le fils de Luthier. Mais ce dernier eut un mouvement malheureux, un câlin trop entreprenant dirais-je, et l'anglais, outré de ces avances, s'élança aussitôt le poteau franchit chez les commissaires, hennissant avec ferveur qu'il y avait eu comme une gêne entre eux... Le pur-sang ému les juges qui lui attribuèrent la victoire. Mais il tenait tout de même à prouver qu'il méritait pleinement son titre. Il engendra Saumarez, lauréat du prix de l'Arc de Triomphe...

Je pourrais arrêter là. L'histoire étant déjà bien assez incroyable. Mais ce qui me fascine dans le "Jockey-club des étalons", c'est encore plus que tout ça. C'est le lien incroyable que ces trois poulains auront toute leur vie. C'est la fille de Darshaan, Ebaziya, qui produira ses deux meilleurs bébés en les fils de Sadler's Wells et de Rainbow Quest. C'est Sadler's Wells qui s'accouplera avec une fille de Darshaan, Kasora, de l'union des deux sangs résultant le lauréat du Derby d'Epsom ( et oui encore ! ) High Capparral ! C'est le fils de Galileo, Authorized, à la mère issue de Rainbow Quest.

C'est Darshaan premier, et Rainbow Quest huitième dans le classement des meilleures associations avec Sadler's Wells.

C'est Sadler's Wells le premier pour Darshaan et Rainbow Quest. Mais surtout, c'est Northern Dancer deuxième, Lyphard ( fils de Northern Dancer ) troisième et Green Dancer ( petit-fils de Northern Dancer ) quatrième.

Le meilleur sang actuel, les meilleurs chevaux en 2012, sont donc issus de cette merveilleuse année 1984 ; de la transmission réussie du maître Northern Dancer.

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